lundi 2 avril 2012

Via Le Monde : "Mobiliser la société face au pic pétrolier"

Article mis à jour le 07/06/2023


    C’est par Enerzine, qui s’est également fait l’écho de cette tribune du Monde, que j’ai eu connaissance de ce texte.

Il a été signé par 5 « pointures » du monde de l’énergie :
  • Yves Cochet, député européen, ancien ministre de l'Environnement,
  • Jean Laherrère, président d' ASPO France (Association pour l'étude du pic pétrolier et gazier), ancien patron des techniques d'exploration du groupe Total,
  • Yves Mathieu, ancien chef du projet ressources pétrolières mondiales à l'Institut français du pétrole, auteur du livre Le dernier siècle du pétrole : la vérité sur les réserves mondiales (Editions Technip, 2010).
    Ces gens-là savent de quoi ils parlent, mais hélas, hélas, qui les écoutent ? Qui s’inquiète de la crise énergétique dans laquelle nous sommes engagés ? Quels candidats aux présidentielles osent aborder ce sujet brûlant dans leurs programmes ? Eva Joly et Jean-Luc Mélenchon, oui, mais personne ne veut entendre parler de cela en fait. Nous sommes comme des dormeurs qui dans un demi-sommeil entendent le réveil sonner et qui ferment très fort les yeux pour ne surtout pas se réveiller. Mais le réveil est proche, très proche. Et il va être très dur…

Voici l’appel des 5 :

    Après plus d'un siècle d'augmentation importante de la production et de la consommation de pétrole, la Terre s'essouffle et la notion de "pic de production", autrefois ignorée, s'impose comme une réalité inéluctable.
Cette tension se manifeste d'ores et déjà à travers le déploiement de techniques d'extraction demandant toujours plus d'investissements, d'énergie et de matériaux. En effet, lorsque des réserves sont limitées, le rythme de leur exploitation suit une courbe croissante, puis elle plafonne à son maximum en formant un plateau, avant de décroître. C'est le cas du pétrole facilement accessible et bon marché dont la plupart des experts, y compris, désormais, l'Agence internationale de l'énergie, admettent qu'il a atteint son pic de production mondial il y a quelques années.

    Malgré les découvertes de gisements récemment médiatisées, le monde continue de consommer beaucoup plus de pétrole qu'il n'en trouve par l'exploration. L'extraction du pétrole difficile, appelé non-conventionnel (sables asphaltiques, pétrole de roche-mère, grands fonds marins...) sera beaucoup plus coûteuse et surtout beaucoup plus lente. Elle ne permettra donc pas d'éviter la baisse de la production mondiale après un plateau qui ne devrait durer que jusqu'en 2015-2020. Les énergies alternatives, même si elles sont développées à un rythme soutenu, ne pourront pas compenser le déclin de la production de pétrole, que ce soit en quantité ou en coût de production. Aucune solution de substitution aux carburants liquides n'est disponible à l'échelle de la demande, actuelle ou future.

    A l'avenir, nous disposerons fatalement de moins d'énergie et de ressources alors que nous sommes de plus en plus nombreux sur Terre et que les pays émergents sont en phase d'industrialisation rapide. Par ailleurs, les pays exportateurs consomment une part toujours plus importante de leur production pour alimenter leur développement.

    Or force est de constater que le fonctionnement de notre société dépend aujourd'hui d'une croissance économique soutenue qui va de pair avec une consommation toujours plus importante d'énergie et de ressources. L'urgence apparaît donc d'anticiper une inexorable descente énergétique. Les limites physiques devraient déclencher une réelle transition de la société vers une diminution majeure de notre dépendance aux ressources non renouvelables, par un changement profond des comportements, de l'organisation du territoire et de notre économie. Si cette transition n'est pas anticipée, elle sera subie de manière chaotique et provoquera des conséquences économiques désastreuses, à l'image de la crise des subprimes. Les fondements de la démocratie et la paix pourraient donc être menacés.

    Dans ce contexte, il est indispensable que les responsables politiques, mais aussi l'ensemble des acteurs sociaux et économiques ainsi que les citoyens français, prennent conscience de cet enjeu et fassent preuve d'anticipation, car nous sommes face à un péril réel pour la cohésion sociale et le fonctionnement de l'ensemble des secteurs vitaux de notre collectivité. Les signataires de cet appel invitent tous les candidats à l'élection présidentielle à tenir compte de cette situation urgente. Ils leur demandent de prendre position sur cette question, dans le cadre de débats et de propositions politiques concrètes. Celles-ci-ci devront être compatibles avec la réalité physique de l'extraction des ressources et permettre de faire face à la décrue énergétique de notre société.

 

Sources :

Le Monde : (Nouveau lien) :




Pour mémoire, voici la vidéo de 2012 de la candidate Eva Joly, concernant la transition énergétique :

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