lundi 31 janvier 2011

2004, aveux du ministre des "réformes sous la contrainte"

Article mis à jour le 05/02/2022.


Comment en 2004, le ministre des Réformes de l'Etat, expliquait (en bonne compagnie) comment il allait régler leur sort aux fonctionnaires.


Critique du projet néolibéral

    Certains esprits critiques tourmentés prétendent que la dette des états est une crise fabriquée par le système néolibéral dans le but d’imposer aux peuples des réformes qu’ils n’auraient jamais acceptées autrement. Ces réformes reposeraient sur l'idée centrale d'affaiblir l'Etat et de détruire tous les services publics état afin d'en confier la gestion au privé. Non-pas que les sociétés privées géreront mieux ces services, mais les capitaux brassés feront gagner plus d'argent à leurs actionnaires.
    Ces esprits critiques fondent leurs dires sur la base de "mauvaises lectures", telles que les ouvrages de Chomsky ou de Naomie Klein. "Fort heureusement", ces critiques ne sont guère écoutées, car elles ne sont pas reprises par les médias Mainstream.

Et si ?

    Et si ces esprits critiques avaient un peu raison ? Fort heureusement il arrive parfois que nos maitres se relâchent un peu et qu'en certains lieux ils exposent tout simplement leur plan d'action, qui hélas ressemble beaucoup à ce que décrivent ces fichus esprits critiques ? Ils n'ont pas besoin de créer des sociétés secrètes, un bon resto suffit pour se retrouver entre gens avertis et deviser sur les meilleurs moyens de faire main basse sur les biens publics.

L'article improbable.

    En 2004, Emmanuelle Veil, une journaliste qui travaillait à l'époque pour le journal satirique Charlie Hebdo, s'est ainsi retrouvée dans une de ces soirées un peu spéciales. Elle a raconté ce qu'elle avait vu et entendu, dans un article publié dans le CHARLIE HEBDO du 27 octobre 2004. Cette soirée avait lieu dans le restaurant Pépita, situé à proximité des Champs-Élysées. Les ultralibéraux de la Fondation Concorde recevait le ministre de la Réforme de l'État, Renaud Dutreil. Le ministre s'était bien lâché et il avait dit tout le bien qu'il pensait des fonctionnaires.
    Par crainte que cet article improbable ne disparaisse un jour, je garde bien précieusement sa copie. Voir ci-dessous :


Renaud Dutreil en 2007 à Charleville-Mézières, pour le "discours à la France qui souffre"...
Photo provenant du site "Arrêt sur image"

Mise à jour au 10/02/2022 :

J'ai retrouvé l'article original !


Extrait :


Discours du Ministre à la Conférence du 20 octobre organisée par la Fondation Concorde :

Le restaurant Pépita, situé à proximité des Champs-Élysées était rempli, mercredi 20 octobre, d'une soixantaine de costumes-cravates à la mine cireuse, venus assister à un petit déjeuner-débat avec Renaud Dutreil, ministre de la Fonction publique et de la Réforme de l'État. Cette conférence était organisée par la Fondation Concorde, think tank ultra-libéral proche de Jacques Chirac.

Florilège des déclarations du ministre sur le thème de prédilection de la droite : "Comment insuffler le changement".


« Comment insuffler le changement ».

« Les retraités de la fonction publique ne rendent plus de services à la nation. Ces gens-là sont inutiles, mais continuent de peser très lourdement. La pension d'un retraité, c'est presque 75% du coût d'un fonctionnaire présent. Il faudra résoudre ce problème. »
« À l'heure actuelle, nous sommes un peu méchants avec les fonctionnaires. Leur pouvoir d'achat a perdu 4,5% depuis 2000. »
« Comme tous les hommes politiques de droite, j'étais impressionné par l'adversaire. Mais je pense que nous surestimions considérablement cette force de résistance. Ce qui compte en France, c'est la psychologie, débloquer tous ces verrous psychologiques. »
« Le grand problème de l'État, c'est la rigidité de sa main-d’œuvre. Pour faire passer un fonctionnaire du premier au deuxième étage de la place Beauvau, il faut un an. Non pas à cause de l'escalier [rires dans la salle], mais des corps. Il y a 1400 corps. 900 corps vivants, 500 corps morts [rires], comme par exemple l'administration des télécoms. Je vais les remplacer par cinq filières professionnelles, qui permettront la mobilité des ressources humaines : éducation, administration générale, économie et finances, sécurité sanitaire et sociale. Si on ne fait pas ça, la réforme de l'État est impossible. Parce que les corps abritent les emplois inutiles. »
« C'est sur l'Éducation nationale que doit peser l'effort principal de réduction des effectifs de la fonction publique. Sur le 1,2 million de fonctionnaires de l'Éducation nationale, 800 000 sont des enseignants. Licencier dans les back office de l'Éducation nationale, c'est facile, on sait comment faire, avec Éric Woerth [secrétaire d'État à la Réforme de l'État] on prend un cabinet de conseil et on change les process de travail, on supprime quelques missions. Mais pour les enseignants, c'est plus délicat. Il faudra faire un grand audit. »
« Le problème que nous avons en France, c'est que les gens sont contents des services publics. L'hôpital fonctionne bien, l'école fonctionne bien, la police fonctionne bien. Alors il faut tenir un discours, expliquer que nous sommes à deux doigts d'une crise majeure - c'est ce que fait très bien Michel Camdessus -, mais sans paniquer les gens, car à ce moment-là ils se recroquevillent comme des tortues. »

NB : Michel Camdessus, ancien président du FMI (celui-là même qui a conduit l'Argentine et l'Afrique sur la voie de la banqueroute grâce à ses injonctions ultra libérales à récemment remis à N. Sarkozy, sur la demande de ce dernier, un rapport sur ce qui peut être résumé par l'état catastrophique de la France sur le plan économique mondial à cause (forcément) des fonctionnaires, des syndicats, de la gauche et des lois qui tuent toute initiative entrepreneuriale.



C’est édifiant non ?

Mais peut-être avez-vous oublié qui était Renaud Dutreil ? Voici quelques liens qui vous en apprendront un peu plus sur lui :


Et puis cet article amusant qui raconte comment ce député un peu particulier a pris sa retraite à New-York : http://www.politique.net/2008092202-renaud-dutreil-depute-francais-qui-habite-new-york.htm


La Fondation Concorde !

Je ne puis résister au plaisir de vous dire encore un mot de la fameuse fondation Concorde. Car imaginez-vous qu’elle existe vraiment ! Alors n’hésitez pas, allez sur son site et régalez-vous de la lecture de leurs documents. Ces gens écrivent des comptes-rendus d’une puérilité désarmante mais ils semblent vraiment se prendre au sérieux ! 



Voilà, il n'y a pas de complot. Ces gens-là ne cachent rien. Tout est dit, tout est exposé, il suffit de savoir comment s'informer.





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